Le sumô de Kirishima

d'après des photos (1)

 

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A ses débuts dans le monde du sumô (1975), Kirishima ne pesait que 75 kg.







Après 9 ans d'apprentissage, Kirishima parvient au rang des champions du maku no uchi (ou maku-uchi).

Le premier des 38 combats de Kirishima contre Konishiki
(juillet 1984, 9ème jour)

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1 Kirishima réussit à résister à l'attaque fulgurante de Konishiki en se pelotonnant contre lui et en attrapant sa ceinture.
2 Il supporte le poids énorme de Konishiki (260 kg contre 117 kg) qui essaie de l'écraser.
3 Il l'ébranle et le renverse avec sa main droite passée sous le bras (shitate-nage).
4 Konishiki est terrassé.
Combat contre Onokuni (environ 200 kg), le plus lourd des lutteurs japonais
(juillet 1984, 11ème jour)

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1 Kirishima parvient à enrayer la poussée d'Onokuni en braquant sa tête contre lui et parvient à attraper sa ceinture.
2 En pivotant sur sa droite, il entraîne Onokuni vers l'avant avec son bras droit (shitate-dashi-nage).
3 Onokuni perd l'équilibre.
4 Il se renverse.
 
Combat historique contre Chiyonofuji, qui comptait célébrer sa millième victoire ce jour-là
(mars 1990, 6ème jour)

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1 Kirishima et Chiyonofuji se maintiennent tous deux par la ceinture.
2 Kirishima réussit à se défaire de la main droite de Chiyonofuji.
3 Chiyonofuji tente une action pour rattraper  la ceinture de Kirishima.
4 C'est le moment que choisit Kirishima pour l'attirer à lui,
5 pour le soulever très haut (tsuri-dashi),
6 et le transporter au-delà du cercle du dohyô.
 
UNE ERREUR D'ARBITRAGE...

   Le dernier jour de la saison de mars 1990 (jour 15), Kirishima (sekiwake à l'époque) s'était trouvé ex-aequo avec Hokuto-umi (yokozuna) et Konishiki (ôzeki), tous les trois avec le score de 13 - 2.  Afin de décider de l'attribution du Grand Prix (yûshô) de la saison, une finale a été organisée sous la forme dite de TOMOE-SEN ("finale à trois" où les combats se poursuivent à tour de rôle jusqu'à ce que l'un des trois remporte deux victoires CONSECUTIVES).  Les amateurs du sumô se souviennent encore que c'était Hokuto-umi qui sortit vainqueur de cette épreuve.

   Or, en réalité, cette finale n'aurait pas dû avoir lieu car Kirishima aurait dû gagner ce Grand Prix avec un score de 14 - 1, s'il n'avait pas été victime d'une malencontreuse erreur d'arbitrage au jour 11, dans son combat contre Kushima-umi.  Initialement, l'arbitre avait donné la victoire à Kushima-umi, alors qu'il était évident que ce dernier n'avait pas gagné.  Le jugement a donc été contesté par le jury (mono-ii)  qui, au lieu de rectifier tout simplement l'erreur en donnant la victoire à Kirishima, a fait recommencer le combat (second combat que Kirishima, épuisé et découragé par l'injustice, allait perdre par yorikiri).

Dans le premier combat, Kushima-umi était tombé en s'agripant aux jambes de Kirishima, qui restait encore debout, une jambe soulevée et l'autre (la gauche) sur la pointe des pieds dans la limite du dohyô (le flou provient de la rapidité du mouvement).


   Sans cette erreur d'arbitrage, le fameux tomoe-sen historique n'aurait pas eu lieu, et Kirishima aurait pu être couronné, à la fin de cette saison de mars 1990, d'une quadruple consécration :
 

  • Grand Prix
  • Sa promotion en ôzeki
  • Prix du mérite (shukun-shô)
  • Prix de la technique (ginô-shô)

  •    Il est d'ailleurs à souligner que Kirishima avait subi d'innombrables erreurs de ce genre durant toute sa carrière.  Ce fait s'explique, en partie, par le style de combat qu'il était contraint d'adopter : étant un léger, il a souvent été repoussé jusqu'à la bordure du dôhyô, dans une situation presque sans recours qui l'obligeait à user de ses ressources ultimes aussi bien techniques que mentales, dans un dernier effort pour renverser la situation.  Cela se traduisait fatalement par une victoire qui tenait à un cheveu, à un dixième de seconde près, et également... par de nombreuses blessures dues surtout à ses positions périlleuses.
       Cela explique pourquoi le sumô de Kirishima pouvait être qualifié de palpitant -  un style qui ne saurait plus exister dans le sumô actuel où ne trônent que des "poids lourds"...
       Ces utchari de dernier recours, ces mouvements de projection (nage) ou de torsion (hineri), sans parler de cette technique qui consiste à faire balancer la situation à son avantage en modifiant sa prise sur la ceinture en un tour de main (makikae) et dans le même élan propulser l'adversaire vers l'avant (dashi nage) ou tirer parti du déséquilibre engendré pour achever le mouvement par une expulsion de l'adversaire, soit par l'arrière (okuri-dashi) soit par l'avant (yorikiri)... et tout cela en une fraction de seconde à peine perceptible : rien à voir avec ces yorikiri mornes et lassants qui prolifèrent de nos jours.  Rappelons que c'est à force d'entraînements inlassables accumulés jour après jour que Kirishima a réussi à maîtriser et à pauffiner ses techniques.
       Quoi qu'il en soit, il demeure un fait certain : ceux qui ont eu la chance d'assister à un tel "instant décisif" de Kirishima, ne serait-ce qu'une seule fois, garderont cette image à jamais.


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