Ryûhô

Promotion en jûryô
publiée le 25 septembre 2002

Un grand jour pour lui

   "Un grand jour dans la vie d'un lutteur" avait affirmé catégoriquement Kirishima, qui n'avait pas hésité à qualifier ce moment comme étant "Le plus beau jour de sa vie".
   L'on commence à se sentir enfin un "individu" à part entière, à acquérir son autonomie :  une chambre individuelle, un salaire, le droit de disposer de sa personne, des assistants... etc. bref, . un nouveau mode de vie, "un univers complètement différent".
   Il aura fallu à Ryûhô neuf ans et demi de persévérance, depuis son entrée dans le sumô (en mars 1993), pour atteindre enfin ce niveau difficile.
   On peut donc imaginer l'émotion et l'agitation qui peuvent régner dans la heya à un telle nouvelle.

   Ci-dessous quelques photos de ce jour, où l'on voit Ryûhô soutenu par son oyakata, entourés d'une nuée journalistes qui se sont pressés à la heya pour l'occasion.  La nouvelle s'est ainsi diffusée instantanément grâce à la télévision et à la presse.  On lui demande de prononcer quelques mots, mais Ryûhô est un garçon calme et peu bavard, et l'émotion aidant, ses propos s'étranglent dans sa gorge et sa mine se fige...

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   Le soir même, il est autorisé à aller partager sa joie avec sa famille qui l'attend sur cette lointaine île d'Okinawa, tout au Sud-Ouest du Japon, en prenant le premier avion venu.  Cela faisait un an qu'il n'avait pas eu cette occasion.  L'effervescence au pays natal est grande, à commencer par ses proches, sa mère, ses deux frères (aînés).  Mais il y a aussi tous les autres, la presse locale et les notables  :  il est le quatrième originaire de l'île à atteindre ce grade; et cela fait sept ans qu'il n'y a eu personne.  Les soutiens s'annoncent de toutes parts, ce qui constitue autant de sources de stimulation, mais dans un autre sens, tous les espoirs insensés qu'on fonde sur lui représent autant de contraintes qui risquent de peser lourd sur ses épaules, malgré sa ferme détermination.

   Un garçon valable, qui devrait devenir un sekitori digne de l'attention du public.
 

Le basho de novembre 2002
Les quinze jours de ce basho de novembre ont été éreintants pour Ryûhô.

Dans la file (en troisième position) qui s'avance pour se préparer à faire le dohyô-iri.
On reconnait aussi derrière lui son compagnon Toyozakura (avec le poignet bandé).

Le voici montant sur le dohyô, vêtu de son tout nouveau "tablier de cérémonie" (keshô-mawashi).
(Dans la file d'attente derrière, Toyozakura en keshô-mawashi doré.)

 

On le voit considérablement tendu.  Certains prétendent qu'il était crispé au point même de se tromper parfois dans l'ordre d'exécution des gestes rituels.  On n'a pas manqué de le cataloguer immédiatement comme un sekitori "extrêmement timide".
 

C'est ainsi qu'il apparaît dans l'interview qui lui a été consacrée par la NHK pour le présenter au public.  Il était franchement mal à l'aise.  Dans l'arrière-plan est suspendu son tablier de cérémonie : on peut lire sur nom sur la gauche, verticalement, et en bas, horizontalement, l'inscription "Chanko Kirishima" qui lui a fait don du tablier.  On apprend que le motif a été conçu par leur hôte de Nagoya, le supérieur du temple Anshôji.


Ryûhô n'est pas du genre expansif;  les interviews qui se succèdent et tous ces yeux qui se rivent sur lui du jour au lendemain, avec une curiosité pas toujours complaisante ne sont pas de nature à le rendre loquace.  Il n'a jusqu'ici pas ressenti la nécessité de se composer un personnage, mais évidemment, dans cet univers ultra-médiatisé, il finira bien par l'apprendre, comme tous les autres.
 

Le basho a été dur pour lui, mais ce n'est qu'un début un peu manqué, comme c'est quasiment toujours le cas.  Il faudrait ajouter que c'est ça le sumô, ou plutôt que ça fait partie de la vie avec ses hauts et ses bas.  Il fera mieux la prochaine fois et pourra sans doute réserver bien des surprises...
 
 


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